Pff, encore une dure journée, et ce n’est pas encore fini, malheureusement.
-Lili-chan ?
-oui ?
-Tu peux t’occuper de la chambre 223 s’il te plait ? Je dois aller laver les draps au plus vite.
-Pas de problème.
Je prends la fiche que me tend ma collègue et me dirige vers la chambre.
-Alors, alors… voyons ce qu’on a là…
Je frappe à la porte et entre sans décrocher mes yeux de la fiche.
-Taguchi Junnosuke c’est ça ?
-Oui.
-Moi c’est Lili-chan, je serais votre infirmière attitrée. Si vous avez besoin de quoi que ce soit vous avez juste à biper avec le bouton à côté de votre lit.
J’en ai marre de toujours répéter les mêmes mots, toujours la même procédure. Pour une fois je ne quitte pas la fiche des yeux, m’évitant ainsi un quelconque contact avec le patient.
-Vous êtes tombé en vous entrainant et vous êtes fracturé la clavicule c’est exact ?
-Oui.
-Vous avez mal quelque part d’autre ?
-Non.
-Avez-vous besoin de quelque chose en particulier ?
-Non.
-Bien, je vais vous laisser vous reposer alors.
-Madame…
-Lili-chan s’il vous plait.
-Lili-chan ?
A l’intonation de la voie du jeune homme je relève la tête. Mes yeux s’accrochent au sien. Je perds mes mots, perds pied. La seule chose qui me rattache au monde réel ce sont ses yeux. J’ai chaud, très chaud, trop chaud. Il sourit. Il a un sourire craquant. Je craque. On ne se lâche pas des yeux. Je tremble.
-Vous aller bien ?
Cette phrase me ramène à la réalité.
-Je crois que je dois couver quelque chose…désolée.
Je m’incline. Il rigole.
-Alors ça c’est la meilleure… vous êtes censé me soigner mais vous êtes plus malade que moi.
Il rigole de plus en plus. Son rire est propagateur et je fini par rire à mon tour. Pourtant nos yeux ne se sont toujours pas quitter. Je n’ai jamais cru au coup de foudre. Jusque-là, je pensais que c’était un truc de romancier à l’eau de rose. Je soutenais mordicus qu’on ne pouvait pas comme ça, d’une seconde à l’autre, entrer en fusion avec un étranger. J’avais toujours pensé que pour être amoureux il fallait se connaitre et que pour se connaitre, il fallait savoir ce que l’autre pensait et pour connaitre les pensées de l’autre, il fallait au moins deux ans de conversation. Or là nous n’avons échangé que quelques mots et je suis possédé par un irrésistible désir de me blottir dans sa chaleur.
-Approchez-vous.
Je ne sais pas bien pourquoi, certainement car ma conscience est partie en vacance au moment où mon regard à croiser le sien, mais je lui obéis. Il posa sa main sur mon front.
-Vous n’avez pas l’air d’avoir de fièvre.
La proximité de nos corps, de nos lèvres me fait perdre mon souffle. Je me mords la lèvre inférieure pour rester maitre de moi-même. Taguchi relève la tête, plonge son regard dans le mien et sans que je comprenne ce qui ce passe pose ses lèvre sur les miennes. Je perds pied, mon monde vole en éclat. Une bombe atomique pourrait exploser à côté de moi que je ne m’en rendrais pas compte. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin… et énormément de travail m’attend, de plus Taguchi ne vas pas tarder à dormir sous l’effet des calmants. Il me regarde.
-J’espère que tout ceci n’est pas un rêve du au médicament.
Je lui souris et sans rien dire me dirige vers la porte. Je sais que je devrais rester. Mais je dois me contenir et retourner travailler.
-Lili-chan ?
Je me retourne pour savoir pourquoi il m’a interpellé.
-Vous croyez au coup de foudre ?
by Ginny